Juges et Coupables est un roman contemporain qui se veut pas comme les autres, un parcours social, initiatique, philosophique et métaphysique qui tentera d' interroger vos sens.
Puissant et percutant comme ciselé au rasoir, il commence
dans les profondeurs et les ténèbres abyssales où règnent l’incertitude,
l’enfermement et l’obscurité la plus totale vers une lente montée au ciel et à
la lumière.
La trajectoire torturée et tortueuse d’un jeune délinquant
nommé Luce au cœur d’une folie meurtrière…
Autour de lui, deux émanations :
D’un côté, le journal intime de Lucia pareil à un phare dans
la nuit noire, ses pensées, ses poèmes, son savoir, ses méditations sur le
monde. Une conscience puissamment bienveillante.
Mais, qui est Lucia ?
De l’autre, derrière, semblable à un marionnettiste de l’âme,
les paroles amères d’un souvenir trouble et manipulateur, celui de Jack.
Qui
est Jack ?
Une histoire contemporaine, romanesque et humaniste. Un livre écrit à cœur ouvert et donc forcément... Jugé coupable.
Quelques avis en avant-première du roman... Grand merci à eux :
« J’ai beaucoup aimé. Le texte est accrocheur, car au début, les infos sont amenées au compte-gouttes. La révélation finale m’a laissé sur les fesses comme on dit…
C’est très poétique, sombre, et en même temps plein d’amour… En tout cas c’est un roman qui marque, par son originalité d’écriture et par son histoire. »
Marie Nel, chroniqueuse littéraire au webzine « Les Rebelles »
« Une très belle plume, une histoire intéressante avec son propre style. Mélangée, déroutante et intrigante. »
Eva de Kerlan, auteure
« J’ai aimé, fascinant page-turning, impossible à lâcher. Puissant, violent, déchirant. De la vraie littérature. »
Hélène Tordo, traductrice littéraire professionnelle
Ci-dessous, un court passage du roman... à destination de vous, qui d'autre ? : )
Juges et Coupables (extrait)
Aussi simple que ça ?
À
l’intérieur d’un crâne, une âme… Je suis dans un train de tunnels, dans les
profondeurs des villes, dans le microcosme qui convulsionne les agissements du
vivant, à la surface.
Là-haut,
les voitures, les gens, le goudron, le béton, les envies et les désirs.
Moi,
je suis en dessous de tout ça, à l’horizontale des routes, à la verticale des
feux rouges passant au vert. Je traverse ce souterrain comme tu viens chercher
dans ces lignes mes pensées.
Les
lignes qui suivent sont une exception à la règle, à ta règle, lecteur. Chez
moi, tu n’auras vu jusqu’ici que les actes, autant dire rien de ce que je suis
véritablement, le néant.
Des
gens passent là sous tes pieds, mais tu ne les vois pas, ces individus
conditionnent pourtant ta vie, ton existence. Ils sont l’harmonique de ton
monde, mais tu ne les remarques pas vraiment. Ils sont en dessous… Comme toi tu
l’es et comme je le suis aussi. Mais nous ne voyons rien.
Tu
es en dessous de ce que tu montres et en dessous de ce que tu fais.
Tu
jugeras coupable ou incapable tant que tu seras enfermé dans la chair qui peut
pointer du doigt. Il existe une seule porte de sortie, une seule à cela… Un mot
souvent galvaudé d’égoïsme et d’égocentrisme, une passion quotidiennement et
tristement prétexte à la haine et aux ressentiments, mais complet, c’est la
seule issue aux tunnels, l’unique possibilité véritable…
Ce
mot, gigantesque de lumière, est trop lourd pour moi à porter aux autres dans
son entier aujourd’hui. Mais un jour prochain, un jour… je le porterai à tous,
j’en fais le but final de ma vie, au-delà de tout ce que j’aurais acquis.
Les
lignes suivantes sont la seule main tendue que tu trouveras vers moi, les
seules. Tout le reste ne sera que leurs échos, mis en action par le stupide
appendice au creux de mon crâne nommé cerveau.
Il
en ressortira des pleurs, des sourires ou des colères, des interprétations
maladroites de mes tourments.
Alors
ne juge pas ce que j’ai fait ou ce que je ferais. Au bout de tes yeux qui ne
peuvent voir à travers moi et de mes aveux là, je suis à jamais incomplet,
alors ne juge pas…
Aime-moi
plutôt, vraiment, sincèrement, véritablement, sans intérêt autre que cette
résonnance de partage en toi, aime comme on ouvre une lettre…
Celle-ci
est ouverte… Tendras-tu ta main ou ton doigt accusateur ? Tu n’as que
cette chance qui suit, vivante…
Journal
de Lucia
À
croire qu’une pensée humaine peut être rationnelle.
Qu’un
raisonnement peut être discernable et discerné.
C’est
en tout cas ce que les Hommes croient.
Je m'appelle Luce et je suis un Homme qui pleure. La peine ne cesse de m’envahir et ces importants sur deux pattes qui me
dévisagent sont comme interloqués par ma tristesse. Je suis moi aussi un petit
d’Homme, comme eux.
Je
n’entends que le tintamarre de cette machine roulante d’un inventeur de
malheur, que les petits d’Hommes nomment « métro » pour économiser
leur souffle inutile – pourtant, c’est un beau mot que celui de « métropolitain ».
Le métro est donc noir de populace. Est-il nécessaire de s’attarder sur la description
de ce monstre ? Tout le monde sait ce qu’il est, et peu importe pour les
autres. Qu’ils se contentent de voir en ce train des sombres tunnels, un
transport commun, un engloutisseur de travailleurs, d’esclaves des temps
modernes qui, du haut de leur importance d’actifs, toisent du regard les autres
usagers, tout aussi utiles qu’eux à l’harmonie du monde.
Oui
je pleure, moi. Je pleure celle qui m’aurait fait sentir que moi aussi j’étais
important, utile à l’harmonie du monde ; celle qui m’aurait fait croire à
ce mensonge.
La
vérité… C’est que je ne le suis pas. Aucune importance.
Je
ne suis que quelques pages au milieu d’une immense bibliothèque nommée « existence ».
Dieu,
que ce mot me semblera à jamais vide de sens.
À
chaque nouvel arrêt de la machine grise, mon corps s’agite brièvement vers l’avant,
force de l’inertie de la masse qui dans ce cas, se trouve être mon corps.
Nouvel arrêt, mouvement d’inertie. Nouvel arrêt, mouvement d’inertie. Nouvel
arrêt, mouvement d’inertie. Ce mouvement physique est aussi lancinant à vivre
qu’il ne l’est à énumérer.
Les
stations de métro défilent avec leurs noms plus ou moins historiques, pancartes
blafardes de ce bleu indissociable des trous de clarté dans les tunnels. Petit
à petit, l’ironie des sorts humains abandonne mon esprit pour laisser place à
la lassitude. Des non-beuglants laissent la place à de nouveaux non-beuglants ;
certains sortent leurs distractions portables, leurs parcs d’attractions virtuels
sur mini-écran, mobiles ou autre tablettes… Dans ces machines, ils déversent leur frustration de n’être que des Hommes. Des rouages
d’un mécanisme dont tous ignorent le véritable nom et le véritable dessein.
Les gens, les gens autour qui courent
là… Font-ils semblant de savoir, ou fuient-ils la possibilité, en eux, de
savoir qui ils sont vraiment et ce pour quoi et pour qui ils courent ?
À l’arrivée… Ont-ils peur d’être en retard et
presque seul, plus conscient, ou ont-ils peur d’être à l’heure, pas seuls, mais
toujours ignorants ?
Et qui décide du retard que l’on prend ?
Qui ? Qui parmi ceux qui ne savent rien, osera donc compter un retard pris ?
Qui osera ?
QUI !?
Journal de Lucia
Dans
le métropolitain, c’est la solitude autoprogrammée des voyageurs qui fascine,
la première règle – fondamentale, inexorable – étant de ne jamais jamais
regarder les autres dans les yeux.
Tout
cela n’est-il pas malsain ? Ne le sentent-ils pas, eux, que tout cela est
terriblement malsain ?
Aussitôt
après l’acte en lui-même, mes forces sont amoindries, toujours. C’est peut-être
l’adrénaline qui retombe, mais j’en ai rien à foutre. Je crois avoir tué un Homme.
Un
beuglant important qui d’une balle dans la mâchoire a pu remarquer l’espace d’une
seconde que le monde tournait sans lui ; pourtant il tournerait tellement
mal pour moi sans elle... Tournerait-il même encore ?
Je
regarde ces hommes et ces femmes assis sur leurs banquettes, plus aucune
possibilité ne vient se heurter à ma raison. Ils me semblent vides, aussi vides
que le vide qui m’habite moi aussi et que je considère avec monotonie.
Aurait-elle su le remplir ? Ce vide clos ?
Je
le crois, sinon pourquoi tout cela ? Pourquoi cette arme au fond de ma
poche ?
Cette
monotonie du vide qui m’entoure est-elle une révélation ? Tout cela est
malsain. Mais se pourrait-il aussi que tout cela soit ne soit qu’un vide clos ?
J’ai
mal. Putain ce que j’ai mal. Vous l’ignorez peut-être, mais le mal change la
couleur des choses. Le mal vous grignote de l’intérieur.
Moi,
je le sens bouffer tous mes espoirs. Il dévore jusqu’à ce que fut autrefois ma
jouissance. Je ne pourrai plus jouir. Jamais plus. Ni là-haut, ni même en bas.
Nul espoir, Seigneur ? Nulle jouissance Diable ? N’est-ce pas ?
Les
plus beaux poèmes d’amour
Les
plus beaux poèmes d’amour
On
ne les a jamais vraiment lus
Ils
sont restés là où les a tus
Au
fond de nos crânes
Et
de nos avenirs qui les condamnent
Ils
se sont perdus
Les
plus beaux poèmes d’amour
Sont
ceux que l’on n’a jamais lus
Ceux
que l’on n’a jamais su
Regarde
Ils
sonnent faux comme celui-là
Tu
me crois
Les
plus beaux poèmes d’amour
Ne
sont pas écrits
Et
Shakespeare n’en a rien dit
Ils
restent muets et c’est tant pis
Ils
restent incomplets puis c’est fini
Les
plus beaux poèmes d’amour
Ne
se marient jamais de corps
Ne
se signent jamais de pages
Le
silence est leurs langages
Et
ils ont un jamais pour tout encore
Les
plus beaux poèmes d’amour
Sont
à un seul cœur battant
Et
ils ne cognent jamais
Donnant-donnant
Ce
ne sont même pas des poèmes
Ils
sont plus comme des tambours
Et
ils se taisent fort
Mon
amour
Es
— tu sourd ?
Ne
vois-tu pas mon regard
Et
mes songes de toi quand il devient trop tard
Les
plus beaux poèmes d’amour
Sont
des injustes feux dans nos creux
Nés
seuls
Ils
supplient d’être à deux
Ils
désirent l’autre comme l’on prie Dieu
Les
plus beaux poèmes d’amour
Restent
toujours en nous
Parce
que de les dire
On
passerait pour des fous
Leurs
plus brûlants, c’est notre subir
Et
de ton indifférence
C’est
mon peureux interdit
Son
essence
Les
plus beaux poèmes d’amour
Croient
être uniques
Et
ils le sont
Oui,
c’est pathétique
Les
plus beaux poèmes d’amour
Et
cetera, et cetera…
Je
ne te dis pas que ça ne passera pas
En
moi
Mais
pour une fois
C’est
écrit là
Journal
de Lucia
Des
milliers de questions me frappent le crâne de plein fouet. Des milliers de
questions dont aucun humain n’a la réponse – qu’il se croie sachant ou non.
Aucune réponse, jamais, aux véritables questions. Des bêtes et des humains
congénères qui furent, un jour lointain, victimes de la folie de leurs
grandeurs. Pourtant si petits congénères, minuscules préoccupations humaines.
Mon
arrêt se profile à ma fenêtre, cette fenêtre qui sera bientôt celle d’un autre.
Peut-être celle d’un amoureux transi qui agitera sa main pour dire adieu à sa
dulcinée bloquée là par des impératifs éphémères, des impératifs inutiles qui
ancreront pourtant à ce moment précis ses pieds sur le sol crasseux d’un quai
de métro.
À
cette idée, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, mes larmes
s’assèchent.
Les
portes s’ouvrent. Je me lève et je ne bouscule personne. À quoi bon se presser,
l’horloge tourne à la même vitesse pour tous. Le grand serpent de métal vomit
ses usagers dont je fais partie avant d’y enfourner d’autres usagers, tout
aussi déterminants que nous le sommes.
Au
loin, les marches que je dois escalader sont flanquées de policiers en faction.
Peu
importe, je porte un grand manteau d’hiver par un doux après-midi de printemps.
Un lourd vêtement qui cache l’arme d’un crime que je nomme justice, mais ils ne
m’arrêteront pas.
Un
rapide coup d’œil sur ma montre. Vestige de mon esclavage des temps modernes,
dernier artefact de la vie du travailleur. Mon premier achat d’importance
d’employé honnête, soucieux d’arriver à l’heure à son poste. La preuve que j’ai
bien essayé un jour d’être un honnête homme.
Ils
ne m’arrêteront pas. Il est 16 h 45. Ces hommes soucieux de préserver
la loi d’un État qu’ils ne jugent même pas n’ont qu’une seule hâte, une hâte
humaine entre toutes et bien éloignée de ce gigantesque mécanisme dont ils
font, peut-être malgré eux, partie intégrante. Ils veulent rentrer chez eux,
n’arrêter personne, ne juger personne. Rentrer chez eux. Qui les en blâmerait ?
Retrouver leur compagne, leurs enfants et introduire leur loi dans leur propre
logis. Loin de cette loi parfois inhumaine et bureaucratiquement permanente. La loi ne fait pas les Hommes, mais quelques hommes font la loi.
Il
n’y a aucune méfiance dans mon regard, aucune rancœur. Ils ne font que leur
travail qui est de m’arrêter, moi, le meurtrier.
Je
passe près d’eux, devant leurs regards vides. Ils pensent déjà à leurs couches
conjugales et à leurs séries policières d’outre-Atlantique du soir. Je monte
les marches, j’emprunte la voie de la sortie pour m’éloigner des tunnels
labyrinthiques d’un gris de prison, placardés par une propagande colorée qui veut
vous faire croire au plein, qui veut vous faire oublier le vide. Une propagande
héritée du nazisme hitlérien, métamorphosée aujourd’hui publicité commerciale
ou « pub ».
De
nouvelles marches pour aller vers une civilisation de plein air. Différente, mais
identique. Je quitte l’enfer pour intégrer le purgatoire.
Dans
un immeuble, j’ai frappé et tué.
Aussi
simple que ça ?
Voilà
à quoi un meurtre de petit d’Homme peut se résumer.
Je
sors du métro.
***
Aucun commentaire:
Publier un commentaire